L’Intelligence Artificielle (IA) représente aujourd’hui une véritable révolution, offrant de nombreuses applications bénéfiques dans tous les domaines. Cependant, elle soulève également des défis, notamment des risques pour nos droits de propriété intellectuelle, que nous allons étudier maintenant.
L’Intelligence artificielle créatrice de contrefaçons
L’IA peut être un outil précieux pour les marques en facilitant la création de nouveaux designs par exemple. Elle permet notamment de concevoir des modèles personnalisés pour certains marchés, de produire en petites séries, de mieux s’adapter aux tendances et aux préférences des consommateurs, ou encore de puiser de l’inspiration pour la réédition d’anciens modèles. Pour l’instant, l’IA se limite à assembler et recombiner des éléments existants sans véritablement innover par elle-même. La créativité humaine reste donc largement supérieure, mais il sera intéressant d’observer son évolution.
Bien que l’IA ne puisse remplacer l’intelligence, le talent et l’inspiration humaine, elle constitue un outil d’assistance à la création prometteur. Le revers de la médaille, c’est qu’elle peut ou pourra sans doute aussi aider des personnes mal intentionnées à créer des contrefaçons ou des copies ressemblantes.
Si on demande à ChatGPT de faire une contrefaçon d’un célèbre sac à main par exemple, un message de prévention apparaîtra. Toutefois, il est possible de contourner ce message en utilisant un prompt négatif.
Est-ce un danger ? Les contrefacteurs créent déjà des contrefaçons et lookalike sans intelligence artificielle. Cependant, comme le processus demandera moins de temps, on risque d’observer une multiplication des cas.
L’IA facilitatrice de vente de contrefaçons
- Site internet : Grâce à l’IA il est maintenant possible de créer un site internet en moins de 2 minutes, il n’est plus nécessaire d’avoir des compétences particulières. C’est ouvert à tous, il est par exemple possible de créer des faux domaines et des clones de sites officiels en quelques heures. Créer un site internet était déjà facile avant mais l’est d’autant plus avec l’IA. La vraie avancée de l’IA est qu’elle permet aux contrefacteurs d’avoir un site internet qui tient la route avec des descriptions bien écrites et sans fautes d’orthographes ce qui risque d’autant plus d’induire les consommateurs en erreur.
- Commentaires : Plusieurs IA permettent de générer des faux commentaires en quelques secondes. L’IA Revyu par exemple permet de copier des commentaires de vrais sites officiels pour les mettre sur le faux site. Autre exemple, Tiktok et Shein utilisent un algorithme qui permet de repérer les mauvais commentaires pour ensuite pouvoir compenser en générant de faux bons commentaires.
- Publicités, Réseaux sociaux : Afin de réduire un maximum les coûts marketing, les contrefacteurs reprennent souvent le contenu (photos, vidéos, publicités) de la marque originale, ou même des personnes/influenceurs qui en font de la pub. Il leur suffit simplement de modifier les visages grâce à un deepfake pour se réapproprier l’image. Les contrefacteurs n’ont donc aucune dépense liée au marketing. Une autre problématique est que les contrefacteurs multiplient les comptes sur les Réseaux sociaux, ils ont parfois jusqu’à 200 comptes similaires en réserve car ils savent qu’ils vont se faire prendre. Surtout qu’à chaque fois, du côté des marques, il faut faire un takedown ce qui prend du temps.
L’IA s’entraîne avec les données reçues
L’IA s’entraîne avec les données qu’elle reçoit. Il faut donc faire particulièrement attention au titres de propriété intellectuelle qui imposent la nouveauté (brevets et designs). Concrètement, si on entre un nouveau design dans l’IA avant que celui-ci n’ait été déposé, l’IA va collecter la donnée et pourra la ressortir à d’autres moments. Le design en question ne sera donc plus nouveau et ne pourra donc plus être déposé et il pourrait même être copié par un tiers.
Par exemple si un créateur de sacs à mains met une image de son prochain design dans une IA et que quelqu’un cherche par la suite : design de sac à main, comme l’IA s’entraîne avec les données qui lui les sont donnés, il est possible que le modèle qui sortira sera le même que celui que le créateur a précédemment entré.
On peut prendre l’exemple d’une marque de luxe qui s’est retrouvée confrontée à des sites web de contrefaçon avant même que sa dernière ligne de sacs à main ne soit commercialisée. Grâce à des fuites de modèles et à l’IA générative, les contrefacteurs ont créé des répliques presque parfaites des produits de la marque. Ces faux produits ont inondé le marché en ligne, détournant les clients et entraînant une perte de revenus importante pour la marque.
Il faut porter la même attention pour les brevets qui exigent aussi le critère de nouveauté.
Afin de prévenir ce risque, il est possible d’utiliser des IA sécurisées : mais attention toutefois, même avec une IA sécurisée, il faut encore faire attention aux réglages choisis. Dans tous les cas, il est conseillée de ne pas entrer des informations ou images hautement confidentielles même dans l’IA sécurisée.
Opportunités que pourrait apporter l’IA dans la lutte anti-contrefaçons
Pour répondre à ces menaces, les marques peuvent aussi se servir de l’IA à leur avantage.
L’IA peut notamment être utilisée pour détecter des contrefaçons. Des systèmes d’authentification alimentés par l’IA ont la capacité d’analyser et de comparer les détails designs à une base de données d’authenticité qui permet une identification rapide des produits contrefaits.
L’IA permettrait aussi de gérer à un degré plus grand, davantage de cas et plus rapidement, sur les plateformes, elle permettrait par exemple de détecter les gros et de faire fermer plusieurs comptes en même temps. Elle pourra aussi peut-être reconnaitre les clusters notamment en cherchant la personne qui a pleins de comptes sur pleins de plateformes différentes à la place de faire des milliers de takedown individuellement. L’objectif de cibler le plus haut possible dans la chaîne.
En conclusion, l’IA amène avec elle beaucoup d’opportunités mais aussi certains risques, le tout est de trouver un équilibre entre innovation et sécurité.
IPLY
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